Avec le Mat à Compostelle
....Récit....

Chapitre V

Quand les étoiles tempèrent les ardeurs

Tempérance

La journée commence dans une ambiance difficilement descriptible, Mat est encore cassé par la journée précédente, fatigué à cause du manque de sommeil et l’idée d’une journée de repos lui trotte dans la tête.

Il prend donc tout son temps pour se lever, flâne en apprivoisant cette idée d’une journée tranquille et prend son petit déjeuner sans savoir ce qu’il fera ensuite.

Très rapidement les choses évoluent et l’atmosphère incertaine du lever prend une tournure inattendue.

Pour commencer il entend les discutions du personnel de l’établissement et leur « irrespect » tant envers les clients des jours précédents que sur le dos de certaines personnes du village ; le climat délétère du lieu et l’arrogance du personnel sont considérablement désagréables et commencent à faire germer des doutes dans son esprit. Mat acquiert rapidement l’idée qu’il serait dommage de passer une journée de repos dans un lieu si disharmonieux. Surtout qu’après la journée du Monde, Mat a bien compris que le meilleur, il faut se le créer, donc le pire qu’il est en train d’observer, il a la possibilité de l’écarter de son monde.

Au moment de payer, le prix du petit déjeuner provoque un sursaut et ne laisse plus aucun doute quant à la décision à prendre pour la suite de la journée. Fuir cet endroit, voilà la seule chose à faire ! Quitter ces lieux qui semblent ne plus être visités par la grâce depuis bien longtemps et où le pèlerin y est un touriste et le client un pigeon !

Pour éviter une décision qui pourrait être viscérale vu l’ambiance, Mat se concentre et laisse le Tarot décider de la suite de la journée. La carte du jour apportera la direction de celle-ci : il tire Tempérance.

Tarot reflet du présent ! Cette carte indique assez clairement les lignes à suivre pour la continuation de la journée.

Pour commencer, Mat y décode la suggestion de ne pas juger, mais d’aller voir ailleurs, plus haut sur le plan divin.

Tempérance regarde avec compassion au delà des apparences, elle est au-dessus de la mêlée et ne se laisse pas influencer par ces ambiances toxiques. Elle se situe sur le plan intermédiaire, celui du mental, mais elle n’y est que de passage.

En réalité, Tempérance est l’ange qui descend du ciel pour apporter son aide aux humains ; humains qui eux sont en marche vers leur élévation aux plans supérieurs.

 Tempérance est donc émanation céleste. Elle indique à Mat d’aller plus loin, de s’élever.

Sur la photo de famille, elle occupe l’ultime position du plan intermédiaire, position depuis laquelle on accède au plan supérieur. C’est donc par Tempérance que l’on s’élève vers le plan céleste, spirituel ou supérieur, selon les lectures.

 Tempérance fait également un clin d’œil à Mat en lui suggérant de modérer ses dépenses. Les prix pratiqués ici ne sont pas propices aux économies. Mat se laisse donc glisser sur la vague du temps, afin de voir ce qui se passe en lui.

Effectivement, après un moment de pause, l’inactivité s’avère interminable, ses pensées commencent à lui souffler qu’il serait dommage de laisser une si belle journée se perdre en lassitude.

À 10h30, il décide donc de marcher quelques kilomètres à la recherche d’une  atmosphère plus accueillante.

Dès ses premiers pas vers la sortie de ce village, Mat se sent nettement plus léger, exactement comme tempérance, il regarde la réalité qui l’entoure avec amour et compassion.

La vision du monde change, il pense à ses proches avec l’envie de leur dire qu’il les aime. Il pense aux personnes moins proches en leur souhaitant de s’entendre dire qu’elles sont aimées et il se surprend à penser aux personnes qu’il n’apprécie pas en leur souhaitant d’avoir quelqu’un à qui dire leur tendresse. Tempérance est en train de faire son œuvre.

 Après 2 ou 3 heures de marche, Mat s’approche d’une halte dont plusieurs personnes lui avaient parlé auparavant. Tout le monde a exprimé sur ce lieu des paroles engageantes et surtout présenté la tenancière comme une personne chaleureuse et accueillante. Au fond de lui, Mat se réjouit à l’idée de rencontrer Tempérance,  car la personne que tout le monde lui a décrite est si affable et empathique que ce ne peut être qu’elle ! Et pour n’épargner aucun effet de synchronicité, il se trouve que c’est le jour de Tempérance, la rencontre risque donc d’être intense.

Galvanisé par toutes ces belles paroles et pensées, Mat est certain de se sentir bien dans cet endroit, de s’y reposer une demi-journée, voire  même d’y passer la nuit ! Si la tenancière est si hospitalière qu’annoncé, il est permis de rêver !

 Lorsque Mat arrive à la halte, l’ambiance est festive. Assis sur la terrasse, deux pèlerins le reçoivent très amicalement, ils font un brin de causette très sympathique et parlent de leurs expériences du chemin ainsi que de leurs attentes. L’un d’eux est prêtre et l’autre est, comme il le dit si bien, un ouvrier « en décalage professionnel ».

L’échange est autant généreux qu’agréable, mais alors que Mat et ses voisins partagent leurs émotions entre pèlerins, l’ambiance gaillarde de l’intérieur commence à déborder et des bribes de conversation parviennent à leurs oreilles. Au début cela semble plutôt léger et tout le monde rigole, Mat aussi.

L’alcool aidant, pour les clients de l’intérieur et non pour les pèlerins, le chahut prend de l’amplitude et les excès de l’intérieur commencent à inonder la terrasse ainsi que les trois pèlerins.

Entre-temps, une personne est venue faire le service et Mat se dit que la tenancière doit être très généreuse pour recruter du personnel aussi décalé.

Le mot désillusion est beaucoup trop faible pour exprimer la déception de Mat en découvrant que le personnage tellement décalé du service n’est autre que la patronne. D’avoir naïvement imaginé que la tenancière pouvait présenter les qualités de Tempérance provoque une certaine gêne chez Mat.

En réalité, celle que les gens lui décrivaient comme généreuse et douée d’une empathie incommensurable, ce personnage décalé a absolument tout de l’Arcane XV : la vulgarité, la cupidité, l’absence de vraies émotions et comme pour affirmer son impression, cette femme porte sur sa peau tous les stigmates de l’Arcane XV. Il faut comprendre par là que ce corps affiche toute la révolte d’un organisme que les excès persistants ont usé et martyrisé. La scène ne serait pas complète si l’on omettait de parler de la crasse et du chien galeux arpentant les lieux avec lourdeur et puanteur. Mat s’est cru un instant dans une œuvre de Zola, la déchéance dans toute sa noirceur.

Pour finaliser le décor, Mat assiste au départ des clients que la tenancière inonde de plaisanteries paillardes en les encourageant à revenir faire la même fête une prochaine fois. Et toutes ces personnes, qui sont dans un état d’alcoolémie dangereusement avancée, toutes ces personnes prennent le volant de leur voiture et se lancent ainsi sur les routes. Cette irresponsabilité et ce total dédain de la vie, et d’autrui, sont le point sur le « i » et la confirmation que Mat vient d’observer l’Arcane XV dans son œuvre destructrice.

 Ce personnage aura présenté à Mat absolument tout ce que tempérance ne peut pas contenir en elle, même lorsqu’elle est très mal aspectée.

Mat a aussi vu comment les gens peuvent aller chercher une présence et noyer leur vacuité auprès de personnes qui ne les écouteront et surtout ne les comprendront certainement jamais. Il est vrai que pour bénéficier de ce que Tempérance peut donner, il faut être prêt à recevoir toutes les formes de cadeaux, ceux qui font mal ou touchent, comme ceux faisant du bien à l’Être dans son intégrité.

Tempérance a dominé son mental, donc nous parlons avec elle de clarté et de vérité. Elle est l’ange qui a vu Dieu, donc elle voit bien au-delà de la matière et son regard se porte avant tout sur la divinité dans chaque être.

Mat se demande par contre par quelle interférence il a pu associer Tempérance à ce que les gens lui disaient de cette personne. Dans le même ordre d’idée, on peut se demander pourquoi les gens de la région parlent de cette femme avec autant de sollicitude ? Peut-être font-ils acte de contrition en aidant une âme perdue ?

 De son côté, Mat se dit que Tempérance a profité de sa réceptivité pour lui montrer les aspects du Diable avec lesquels il lui est arrivé de jouer par le passé car, il est vrai que durant ses jeunes années, lorsqu’il était encore jeune Bateleur, il s’est souvent approché de ce genre de personnage en espérant y trouver refuge et compréhension. Mat se rend compte combien il est facile de se fourvoyer lorsqu’on se rapproche de la fange et combien il est tentant de choisir la mauvaise aide, afin d’éviter la responsabilité de rester bien, dans son corps, son esprit et son âme. Peut-être est-ce le moment de se poser la question de reconnaître le vrai/faux des Tempérances rencontrées sur son chemin ?

Après tout ce que Mat vient de constater dans cette auberge, il est évident qu’il va continuer son chemin et s’éloigner le plus possible de cet endroit que l’on peut qualifier, sans exagérer, de lieu de perdition.

 Avec un départ aussi tardif le matin, la journée est déjà bien avancée, mais Mat reste, malgré tout confiant sur le fait qu’il trouvera de toute façon un abri pour la nuit. L’énergie de Tempérance est la bienvenue sur le haut plateau que Mat s’apprête à traverser. Nous sommes sur le plateau de l’Aubrac et les habitants les plus présents sont avant tout de l’espèce bovine. Il y a quelques agriculteurs et quelques gîtes de-ci de-là, mais il faut chercher.

Bien sûr que le bivouac reste une option toujours possible, mais ici les nuits sont très froides et trouver un endroit herbeux qui ne soit pas occupé par des vaches, ou leurs excréments, n’est pas chose aisée.

Alors que Mat traverse un pâturage, il voit au loin une famille d’agriculteurs afférée à conditionner et charger le foin avant le soir. Visiblement une botteleuse récalcitrante retarde tout ce petit monde qui recherche des solutions pour avancer.

Alors qu’il s’approche du petit groupe, il remarque une femme entre jeunesse et maturité qui semble agir tout en rayonnant calmement sur la smala qui elle, s’agite. La jeune femme s’active calmement mais avec détermination, elle sait qu’elle doit canaliser la hardiesse du petit groupe ; Mat ne s’explique pas les raisons de son ressenti, mais cela apparaît comme une évidence lorsqu’on observe la scène, et il faut dire que Mat est aux premières loges, car elle se passe dans le champ contigu au chemin, sur une longue et droite ligne.

C’est « Dynastie sur l’Aubrac » se dit-il. La famille semble réunir sur ce champ un minimum de trois générations, vraisemblablement quatre. Cela correspond bien à Tempérance, la mémoire, l’histoire de famille, le code génétique, tout cela rassemblé là dans une scène de la vie quotidienne.

Dès les premiers sons perçus, Mat a la confirmation qu’il s’agit bien d’une famille et ses multiples générations ; les jeunes enfants jouent et appellent maman en regardant la femme décrite plus haut, elle-même appelle sa maman également en regardant une femme d’environ 50 ans qui elle s’adresse au conducteur du tracteur qui, visiblement affiche entre 70 et 80 ans en disant ces paroles (tu te souviens avec maman, ça faisait la même chose…).

La scène est assez exceptionnelle pour qu’elle vaille la peine d’être fixée dans la mémoire.

Ce que Mat retient en premier lieu est le fait que chacun d’eux appelle ou se réfère à sa maman, comme le ciment de la famille, ici la mère est le lien indéfectible. Il est vrai qu’une famille d’agriculteurs s’en remet totalement à Gaïa et à la bienveillance de Déméter,  engranger le foin, c’est mettre à l’abri ce que la terre nous donne.

Mat cherche le rapport avec Tempérance, car il n’apparaît pas vraiment. Cela fait quelques minutes qu’il raisonne sur des thèmes appartenant plutôt à La Lune ou à La Papesse, mais il ne les a pas vues passer.

Tempérance tisse un lien entre ciel et terre, la référence à Gaïa se comprend aisément. Mais est-ce suffisant pour faire un lien ? Gageons que le message se trouve ici dans le caractère d’une personne ou plus et non pas dans la scène complète. Mais celle-ci est tellement passionnante qu’inconsciemment Mat ralentit le pas pour ne pas manquer une goutte de ce qui se passe sous ses yeux.

Maintenant que Mat est très proche du groupe, il remarque que la jeune femme s’en éloigne en marchant dans la même direction que lui pour rejoindre des bottes de foin biscornues posées plus loin dans le champ. Cette scène donne tout loisir à Mat d’observer la jeune femme dans son allure et ses mouvements.

Il la voit de ¾ arrière, cet angle la met entièrement en valeur. Elle est chaussée de nu-pieds, elle a toujours son allure décidée et tranquille du début. Machinalement Mat adapte son rythme de marche au sien et ils avancent maintenant pratiquement à la même vitesse.

Il admire sa silhouette qui revêt soudain une touche de séduction presque enivrante. Elle a la robustesse d’un corps juste assez charnu pour suggérer l’abondance et la sensualité, mais elle a la tonicité d’une femme dans l’éclat de la jeunesse. La synchronisation de leurs pas crée un lien et une sensation encore plus forte.

Mat s’autorise à penser que ce doit être une personne très bien équilibrée pour rester sur ces hauts plateaux. Avec la vitalité et la sensualité qui la caractérisent, elle ferait rapidement tourner la tête des jeunes hommes de la ville et la vie lui serait certainement plus amusante. Au lieu de cela, elle est ici, parmi les siens, avec ses enfants et ce dans une harmonie absolue. Il n’y a aucun doute, elle est vraiment dans son monde, et son histoire est certainement pétrie de l’influence de ces hauts plateaux.

Maintenant que Mat s’imprègne d’elle, il commence à se convaincre qu’elle n’est pas Tempérance, mais l’Étoile. Toutes les qualités que je viens d’observer ces dernières secondes et l’énergie qu’elle dégage sont celles de ma Dulcinée, l’Étoile ! se dit-il. Dans l’ivresse de la scène, Mat a simplement oublié le début de celle-ci, mais il continue à rêver. Pour compléter le tableau, l’effet de séduction qu’elle a sur lui provoque presque un enivrement des plus agréables qui le saisit jusque dans sa respiration, et cet effet, seule son amoureuse peut le provoquer en lui.

Mat continue à profiter de cette scène de vie que l’univers a bien voulu lui offrir assez longuement pour qu’il puisse s’y immerger à volonté.

La femme va bientôt atteindre les bottes de foin et Mat vient de se rendre compte qu’il n’a encore pas vu son visage, il se forge des certitudes sur son âge, sa beauté, sa sensualité alors qu’il n’a vu que sa silhouette et sa magnifique chevelure. De deux choses l’une, soit il est devin, auquel cas il faudrait redessiner le Tarot de Marseille en lui attribuant des dons de voyance, soit il se fourvoie totalement dans un imaginaire fécond et dans ce cas, il vient de démontrer une fragilité volubile.

La jeune femme arrive à la hauteur des bottes de foin, s’arrête et se retourne enfin, mais son visage reste plongé en direction du sol et des bottes de foin. N’en pouvant plus de ne pas voir son visage, Mat lui lance un « bonjour !» afin de créer le lien. Enfin, elle lève la tête et finalement révèle son visage. La scène s’emballe dans un tourbillon vertigineux alors que les gestes semblent se faire au ralenti. Le visage qui s’ouvre à lui en souriant est trait pour trait celui de Tempérance dans le Tarot restauré par Camoin et Jodorowsky. Les mêmes yeux transperçant, les mêmes cheveux dansant avec légèreté autour d’une fleur (Blanche celle-ci), le même menton solide révélant un tempérament tout aussi solide et le même nez, charnu mais harmonieusement placé sur un visage doux et gracieux.

La jeune femme, que Mat nomme instinctivement « Tempérance de l’Aubrac », lui pose quelques questions sur son chemin, ils échangent furtivement quelques sourires et paroles sympathiques et chacun revient immédiatement dans son monde, elle s’affère à démêler les bottes de foins et lui reprend son chemin, la vie continue.

 Il n’en revient pas ! Il ne comprend pas pourquoi est-ce Tempérance qui lui apparaît avec tout ce qu’il a ressenti de l’Étoile ?

Faut-il trouver une explication à cet échange de visage ? Faut-il y voir une moralité ? La question peut se poser et en y réfléchissant bien il y a quelques débuts d’explication.

Cette jeune femme, féconde et séduisante est certainement l’Étoile dans sa vie de famille et sa vie intime, que ce soit par son rayonnement, sa beauté, son charme, son énergie et même la campagne environnante; il est normal d’y voir l’Étoile.

Par contre, cette Étoile là est attachée à ce pays, à cette terre, à cette famille, elle est d’ailleurs certainement en couple avec Son Mat à elle. Quand bien même serait-elle le clone parfait de l’Étoile du Mat, ce n’est pas parce qu’il est Mat que toutes les Étoiles sont siennes.

Si le visage de Tempérance lui est apparu, c’est certainement parce que justement c’est son visage, et nous sommes le jour de Tempérance.  Elle tombait d’ailleurs à point nommé pour juguler la ferveur de Mat tout en maintenant la circulation d’énergie magique de cet instant.

Mat garde un souvenir inoubliable de ce moment qui fut d’une grande intensité. Les paroles d’encouragement et les vœux de bon pèlerinage que lui adressa « Tempérance de l’Aubrac » raisonnent encore en lui comme une sérénade céleste aux consonances divines.

Après cette scène, Mat passe en revue toutes les Ressemblances / Dissemblances / Oppositions entre Tempérance et l’Etoile. Elles sont innombrables, et dans l’esprit de Mat la conjonction Etoile/Tempérance commence à ressembler à un idéal féminin : Tempérance en vie sociale pour toutes ses qualités d’empathie, d’échange, de compréhension, voire de compassion sous le regard du Divin pour le meilleur de l’humain, et L’Etoile qui elle apporte la candeur, la pureté, la sensualité, le désir, soit l’humain à la gloire du Divin. 

 La journée n’étant pas terminée et ne sachant toujours pas où dormir, il presse le pas, ragaillardi qu’il est par la scène qu’il vient de vivre.

Après une heure de marche il parvient à un gîte accueillant. Toutefois en consultant les prix, Mat décide de passer son chemin.

En effet, il a dépensé beaucoup d’argent jusqu’à ce jour et s’il veut aller jusqu’à la fin de son périple, il va falloir faire quelques économies.

Il reprend donc sa marche encore emplit de la vitalité engendrée par l’Étoile au visage de Tempérance. 1h30 plus tard, il parvient à un autre gîte portant un nom prédestiné puisqu’il se nomme « l’Ange Gardien ». Ce serait plutôt sympathique de terminer la journée de Tempérance avec un ange, une clôture en beauté.

Mais le prix, bien que correct, ne lui permet pas de s’y arrêter. En effet, le tarif comprend obligatoirement la demi-pension, celui-ci est acceptable mais, non seulement il n’en n’a pas vraiment les moyens, mais il a transporté son repas toute la journée sur son dos, alors il voudrait bien en avoir le bon côté, le plaisir de le préparer puis de le consommer.

Tempérance lui dit à double titres d’épargner ses sous certes, mais aussi sa monture, à quoi bon transporter inutilement du poids si c’est pour finalement manger au restaurant ?

Il parle donc un peu avec la propriétaire en déclarant clairement son intention de ne pas s’arrêter et éventuellement de dormir dehors, « à la belle étoile ».

Hé oui ! Entre temps la réflexion de Mat a évolué pour conclure que la meilleure économie serait de dormir dans la nature. La chose serait au demeurant aisément réalisable puisqu’il a suffisamment de nourriture et d’eau dans son paquetage, son couchage est assez chaud et la météo semble clémente. Seul bémol, trouver un endroit accessible, sur le domaine public et sans vaches.

 Dans cette discussion Tempérance lui apparaît pour la 3ème fois de la journée : en effet, la propriétaire du gîte ne cherche pas à convaincre Mat de rester chez elle, ce qui eut été compréhensible de la part d’une commerçante, elle lui donne plutôt quelques conseils sur l’endroit idéal pour bivouaquer.

C’est vraiment avec Tempérance qu’il parle en ce moment car, au lieu de penser à son intérêt, cet Ange Gardien fait ce qu’il faut pour apporter à Mat ce dont il a besoin. Ceci est d’autant plus vrai que l’endroit qu’elle conseille est aux abords d’une cascade, (d’un filet d’eau) jaillissant de la roche. Cela lui permet ainsi de clôturer la journée en s’abandonnant aux plus douces énergies du Tarot, Tempérance et l’Étoile.
 

Le Pape

Un air frais caresse la végétation qui ondule dans un mouvement presque imperceptible.

Les premiers rayons de soleil se reflètent dans les gouttelettes humectant les feuillages qui bordent la cascade. Le son de celle-ci est à peine perceptible, juste quelques subtils claquements émis par les gouttes frappant le rocher.

De minuscules grenouilles de couleur terre ont envahi la clairière qui entoure la gouille alimentée par le filet d’eau.

Dans un buisson surplombant le lieu, une scène de ménage entre passereaux éclate, provoquant une pagaille impressionnante. Cette excitation générale réveille Mat qui exceptionnellement faisait une toute petite grasse matinée, l’endroit est si charmant qu’il n’a pu résister au désir de prolonger son repos.

 Ce réveille-matin agréablement abrupt égaie Mat qui, aussitôt, plie son bivouac et prépare son paquetage avec entrain. L’atmosphère est plaisante, mais un départ rapide lui évitera de rééditer le retard de la journée précédente. Une caresse de brise se glisse dans la clairière et fait s’envoler une carte de son jeu de Tarot. C’est le Pape qui a pris son envol ce matin, donc se sera la journée du Pape.

Après avoir parcouru quelques kilomètres de campagne en solitaire, Mat rattrape une équipe de marcheurs, non pèlerins, qui prennent tout leur temps et communiquent beaucoup entre eux. Parmi eux, il en est un qui sort du lot, c’est justement le Pape de l’équipe.

Un magnifique lys martagon a poussé le long du chemin. Visiblement cette personne connaît bien la botanique et semble même passionné par ce lys. Il se lance dans des grandes explications sur la famille botanique du lys que nous venons de voir, son évolution, ses cousins, sons milieu préféré etc… Cet homme est tellement enthousiaste dans ses démonstrations que Mat ralentit le pas pour ne rien perdre de cette leçon de botanique, il trouve cet homme passionnant. Puis, Mat reçoit un clin d’œil très sympathique comme il adore les recevoir.

Ce jeune Pape malgré lui, amoureux de botanique, commence à parler de l’acacia. Et là Mat tombe des nues car il n’y a aucun acacia dans les parages. Comme par enchantement, les compagnons de randonnée du jeune Pape lui posent de multiples questions sur les acacias : d’où viennent les acacias ? Que faut-il pour qu’ils poussent ? Que symbolisaient-ils chez nos ancêtres ? etc… A chacune de ces questions, Mat jubile en mourant d’envie de leur communiquer les réponses ésotériques à ces questions. Il est d’ailleurs tellement ému et stupéfait de ce qui se passe, qu’il n’a même pas vu le chemin qu’ils viennent de parcourir. Toute cette scène autour de l’acacia alors qu’aucun végétale du lieu ne peut y faire penser, même de très loin, cela est surprenant. Par contre, que ceci se déroule la journée du Pape, cela prend tout son sens, c’est même magique. Comment ces gens auraient-ils pu  savoir qu’aujourd’hui Mat est accompagné par le Pape ?

Pour l’explication, la Lame du Pape est habitée par le mythe du meurtre d’Hiram. Ce Mythe accorde une grande place au symbolisme de l’acacia.

En effet, c’est un acacia qui a poussé à l’endroit où la dépouille d’Hiram fut ensevelie par ses tortionnaires.

 Pour la petite histoire, Mat observe ce Pape en randonnée remplissant parfaitement son rôle. Il dispense de tout cœur un enseignement que les personnes disposées à comprendre reçoivent volontiers ; les autres, celles qui donnent le change en « jouant  » les intéressés, celles-là n’en retiennent rien, mais sans déranger. C’est le code des deux doigts refermés dans la bénédiction.

 Après ce petit intermède montrant une facette simple mais heureuse du Pape, Mat accélère le pas, car il se considère en retard dans sa journée. Puis il rejoint un autre groupe de randonneurs qui eux ne communiquent pas entre eux. Vraisemblablement parce qu’une femme du groupe ne cesse de jacasser. Il voit une demi-douzaine de personnes dans l’effort d’un passage assez pentu et qui font tout pour ne pas entendre ce que la pipelette leur dit. Ils ne font même pas semblant de s’y intéresser, mais elle ne voit rien. Elle ne pense qu’à ce qu’elle veut leur dire. Donc elle n’est pas Pape.

 Mat adopte un rythme plus rapide, fuyant ainsi la désagréable sonorité de cette bavarde.

Il finit alors par rattraper toute une famille en vélo tout-terrain. Tous sont à la peine car la pente est franche, le terrain très accidenté et leurs bagages sont de bonne taille.

En dépassant cette famille, Mat assiste à une scène craquante. La cadette de la famille, une fillette de 6-7 ans, se trouve assez loin devant les siens, certainement parce qu’elle est du genre éveillée et aussi parce qu’elle ne porte pas de bagage.

Peu importe la raison, toujours est-il qu’elle est parvenue à négocier des passages boueux sévèrement empierrés et son avance est confortable. En quelques secondes la fillette pose son vélo pour revenir sur ses pas et expliquer avec assurance à toute sa famille comment négocier le passage. Le plus drôle de l’histoire est que seuls les enfants l’écoutent ; les parents se sont enfoncés dans une tentative de passage en force, alors que la petite leur donne pourtant toutes les indications pour passer en finesse, mais têtes baissées, ils ne l’entendent pas. Qu’à cela ne tienne, elle continue à prodiguer ses conseils, transmettre de tout son cœur sa fraîche expérience ; n’est-ce pas digne d’une future enseignante ou maîtresse de sport ? Un Pape en herbe !

 A ce stade Mat se dit que la journée est riche en petits signes et cela le ravit. Mais le plus beau Pape il le rencontrera le soir au gîte.

Alors que tous les pèlerins sont en train, l’un de se préparer à manger, l’autre de faire sa lessive, d’autres encore écrivent leur recueil de la journée, Mat voit arriver Lionel, le prêtre rencontré l’autre jour sur la terrasse du lieu de perdition.

L’ayant déjà croisé, Mat perçoit immédiatement chez lui une grande contrariété pour ne pas dire plus.

Il lui demande des nouvelles de son compagnon de route, l’ouvrier en « décalage professionnel » ; sa non-réponse et le ton de celle-ci ne laisse aucun doute sur l’existence d’un différent d’importance. Mat lui fait alors cette affirmative interrogation ; « ha ! Vos rythmes sont différents ?! »

Bien que Lionel ne fît rien d’autre que de confirmer le décalage de leurs rythmes, une onde de tristesse irritée le submergeait. Le sentiment d’une trahison ou d’une blessure profonde prenait toute la place dans l’échange. Mat esquive alors par un regard au loin car, cela raisonne comme une évidence que le décalage ne fut pas dans le rythme mais bien ailleurs, plus profond dans le cœur.

 Nous ne saurons pas ce qui s’est passé entre eux, et cela ne regarde d’ailleurs personne, mais Mat a apparemment, à nouveau, rencontré un Pape. Lionel a présenté un Pape dans toute sa noblesse et le fait qu’il soit prêtre ne diminue en rien sa grandeur, bien au contraire. Il émanait de lui une telle douleur qu’il aurait assurément eu besoin d’en parler. Mais justement sa condition, sa noblesse d’Âme et le respect de son ex compagnon de route lui imposaient la discrétion.

À cet instant Mat voit bien entendu Hiram trahi par ses disciples. Il voit aussi l’homme engagé sur un chemin de compassion, peut-être même d’abnégation, souffrir par considération de sa mission.

Le Pape, dans sa mission d’enseignant, mais surtout de transmetteur de connaissance, ne doit pas juger. Si un être galvaude son enseignement, il peut s’en trouver blessé, d’autant qu’il le dispense de tout son cœur, mais, en sa qualité de Pape, il ne peut se laisser aller à commenter ses bonnes ou ses mauvaises raisons ni ses justifications de quelque situation que ce soit.

En entrant dans la nuit, Mat repense à cette scène, il remercie intérieurement Lionel d’avoir gardé pour lui cette blessure qui le faisait tant souffrir. Merci à lui d’avoir montré un bon Pape justement le jour où il expérimentait cet Arcane. Bon chemin à lui, un vrai homme de foi, par les temps qui courent, ça fait du bien.

 

La Roue de Fortune

Depuis plusieurs jours, un panaris s’est développé et la nuit dernière celui-ci est devenu franchement douloureux, au point que Mat ne peut plus l’ignorer.

Les jours précédents, il se contentait de tremper le doigt atteint dans une décoction, mais cela n’aura pas suffi, une infection s’est installée et enfle.

C’est donc avec un doigt très endolori que Mat se lève ce matin, sa première pensée étant d’aller se faire soigner avant que cela empire.

Il tire rapidement la carte du jour, pensant qu’assurément il verrait apparaître l’Hermite (le médecin). Il est étonné de voir la Roue de Fortune se présenter comme l’Arcane de la journée. En effet, pour se faire soigner il va devoir attendre l’ouverture du dispensaire, donc débuter la Roue de Fortune par une attente est surprenant.

 Le dispensaire n’ouvrant qu’à 9h00, Mat prend tout son temps avec un copieux petit-déjeuner puis il retourne s’étendre sur sa couche en rêvassant. La position couchée a vraiment un effet désastreux sur lui car, il se laisse vraiment aller en ne pensant plus qu’à son petit confort personnel perturbé par un panaris.

 En se dirigeant vers le dispensaire, il s’arrête au distributeur de billets pour se réapprovisionner en espèces. Sa stupéfaction est grande lorsque l’automate lui refuse tout crédit, le message de refus laisse même supposer que le compte est à découvert.

Il a la berlue devant cette réponse car son compte était couvert avant son départ. L’inquiétude l’envahit rapidement, il n’a plus que quelques pièces sur lui et nous sommes en fin de semaine. Il n’a donc pas de quoi payer le médecin ni les médicaments s’il devait en prendre. La poste du village n’ouvrira ses portes que l’après-midi et il n’est pas certain de pouvoir régler la chose depuis cette poste car elle semble en réalité n’être qu’une agence postale.

Mat est face à un dilemme ; d’une part, il a besoin de soins qu’il ne peut pas payer et pour cela il doit encore attendre l’ouverture du dispensaire, d’autre part, il doit régler ce problème de compte. Pour cela : soit il attend l’après midi l’ouverture de la poste, avec le risque de ne rien pouvoir régler depuis cet endroit retiré qui ne compte même pas de banque, soit il reprend immédiatement le chemin pour atteindre le prochain bourg avant la fermeture des banques pour le Week-end.

 Il décide tout de même d’attendre pour se faire soigner, laissant le déroulement de la suite à l’improvisation. Lorsqu’il parvient au dispensaire, sa surprise est grande de constater qu’il est seul, aucun autre patient en vue et pas plus de personnel. Quand enfin, dans ce dédale de couloirs vides, il parvient à croiser une âme, il comprend aussitôt la raison de cette inactivité : aujourd’hui le médecin ne vient pas. L’information tombe comme un coup de marteau sur un panaris ; il a attendu tout ce temps pour ne pas pouvoir se faire soigner, la seule personne présente étant une femme de ménage. Un tourbillon anime immédiatement les pensées de Mat qui passe en revue tout ce début de matinée pour tenter de comprendre.

 Sans réponse après quelques minutes de réflexion, Mat décide rapidement de se mettre en route, les solutions ayant tout loisir de se présenter durant la marche.

À peine a-t-il parcouru quelques centaines de mètres que les réponses jaillissent comme les vapeurs d’un geyser.

Mais pourquoi n’a-t-il pas écouté ce que le Tarot lui disait ce matin ?

Alors que Mat pensait le voir apparaître, le médecin n’est pas venu puisque ce n’est pas l’Hermite qui est sorti ! Il l’avait pourtant relevé !

La Roue de Fortune lui disait clairement de prendre le chemin. Et ça, il l’avait relevé aussi puisqu’il était surpris de devoir attendre le jour de la Roue de Fortune. Au lieu de cela, il s’offre un petit-déjeuner de jour férié, se vautre sur sa couche comme un patachon et agit à la manière d’un égocentrique dont le monde se serait arrêté autour de son panaris.

À cet instant, Mat est vraiment fâché avec lui-même, il s’est comporté ce matin exactement comme ce que disent de lui les gens qui veulent le voir en négatif : insouciant, fuyant déstructuré, irresponsable etc……..

 Mat s’en veut d’avoir regardé l’Arcane du jour en spectateur et non en acteur. Il se rend compte que c’est quelque chose qui se produit souvent, et pas seulement chez lui, mais chez tout le monde. On a souvent tendance à penser que c’est pour les autres, surtout quand ça nous arrange. Alors, quand un message comme la Roue de Fortune apparaît on songe à la chance qui se présente, à la roue qui tourne, avant de penser à agir. Pourtant le dessin de la lame est sans équivoque, il n’y a aucune main pour faire tourner la roue, le manche de la manivelle est prêt à être empoigner, mais par soi-même !

 Mat accélère le pas comme pour faire tourner cette roue plus vite, un réflexe lorsque l’on se sent en retard. Il rumine encore un peu ses erreurs du matin, il craint de ne pas arriver à temps au prochain bourg pour régler son souci d’argent.

Effectivement, la roue tourne vite, et bien que son allure soit très rapide, la roue du temps tourne très vite elle aussi. Avec le nombre de montées à parcourir et le surpoids de ses bagages, il redoute vraiment de ne pas parvenir à temps, mais il avance tout de même le plus vite possible.

 Repensant à ce souci de compte bancaire, il essaie d’imaginer ce qui a pu provoquer ce problème, toutes les hypothèses lui passent par la tête, du piratage de son compte au simple disfonctionnement du distributeur.

Les scénarios de secours se suivent dans sa tête et les idées de solutions se bousculent. Le mental tourne maintenant à toute allure.

Il commence à envisager de proposer ses services de Tarologue pour payer le gîte et le couvert. Cela pourrait déboucher sur une nouvelle carrière dans ce pays, ce serait alors la roue du destin. Malgré la Roue de Fortune, il renonce à imaginer une solution allant dans ce sens. Nous sommes sur un terrain hautement catholique, et financer le chemin de St Jacques avec des consultations de Tarot paraîtrait un sacrilège pour la majorité des chrétiens. Même si pour Mat cela serait logique car dans le Tarot il est tout de même le pèlerin vers l’Étoile, vers Compostelle. Pour parfaire le tableau il est aussi l’icône de St Roch, mais si lui le sait, les gens ne le voient pas comme ça.

Après avoir épuisé un grand nombre de solutions plus baroques les unes que les autres, il se résigne enfin à penser que s’il doit faire le chemin de Compostelle, si c’est son destin, la solution se présentera.

Enfin, il s’en remet au destin et avance tant dans ses idées que sur le chemin, chose qu’il aurait dû faire dès l’apparition de la Roue de Fortune. Il aurait ainsi pu jouir du paysage qu’il n’a presque pas vu tant il était enfoncé dans son problème.

 Une idée lui vient à l’esprit : s’il jouait au loto ? S’il y a réellement un problème sur son compte et que son destin est de faire ce chemin, il gagnera bien quelque argent pour terminer son périple. La Déesse Fortuna est tout de même présente dans l’Arcane et, la chance sourit aux audacieux ! Toutes proportions gardées, c’est tout de même aventureux d’investir une pièce dans une loterie alors que sa bourse contient à peine de quoi acheter du pain pour 3 jours.

 À son arrivée au prochain bourg, le premier commerce sur son chemin est justement un tabac presse, il joue donc un petit ticket de loto, juste pour se donner une chance.

Deuxième établissement sur son passage, une banque avec un distributeur. Légèrement anxieux Mat teste immédiatement sa carte bancaire, histoire de savoir comment il passera ce week-end.

Toutes les stratégies imaginées ce matin s’avèrent totalement inutiles, car la carte fonctionne parfaitement et le distributeur lui donne la somme demandée.

Ouf… soulagé par cette bonne nouvelle, Mat décide de mettre en pratique une coutume que l’on retrouve dans les mythes habitant la Roue de Fortune, il fait la fête. Il s’offre une luxueuse assiette de crudité sur une terrasse délicieusement ombragée.

 Toutes ces émotions lui ont presque fait oublier son panaris, mais celui-ci provoque nettement moins de douleur que ce matin, il se dit donc qu’il peut encore espérer une guérison naturelle.

Après le repas, il parcourt calmement la suite du chemin jusqu’à la prochaine étape. Prenant le temps de penser à toutes les leçons que cette Roue de Fortune lui a donné ce matin, il se dit qu’il l’étudiera de plus près, pour qu’à l’avenir, il la voit mieux venir.

Le billet de loterie c’est avéré un billet perdant, normal, puisqu’il n’avait plus besoin de cet argent pour terminer son pèlerinage.

 

 

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Textes de Giovanni David Valente   Tout droit réservé

 

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